Le village de Lambusart

Le chêne vert

"Unes à unes elles s'en vont nos vieilles coutumes et, avec elles, hélas! L'âme wallonne, celle de nos bons vieux, de nos tout vieux!

C'était un de ces bons vieux grand-père qui, pendant les longues "chiches" d'hiver, nous racontait parfois, entre 'fauve du curé d'Lambusart" et une "masquée di Tchopères" quelques attrayants "di nos timps"! J'en ai retenu La légende du chêne vert, qui m'a toujours particulièrement frappée. Il commençait:

"Un soir, revenait de la ducasse de Lambusart, un de mes amis, le jeune Rollin. Pour rentrer chez lui, il devait traverser le bois du Monciat. A peine, s'y était-il aventuré, qu'éclata un violent orage. Tout à coup, la foudre s'abattit sut un chêne centenaire, le renversant sur Rollin qui, atteint aux jambes, ne put continuer sa route. C'est à demi-mort, transi de froid et percé jusqu'aux os, qu'il fut recueilli le lendemain matin par un bûcheron chez qui il dut s'aliter. Une pneumonie se déclara et dans sa fièvre, mon ami croyait avoir devant les yeux, le chêne lui adressant des reproches, car il répondait par saccades: Oui, vieux chêne… vous avez raison… on vous fuit… on ne vous rend plus les honneurs de jadis. Mais… si je guéris… croyez-moi, vieux chêne… je ferai l'impossible pour réinstaller cette si belle coutume… Mais le vieux chêne n'eut pas pitié de lui… il lui fallait un exemple frappant sans doute, car Rollin mourut au bout de peu de temps. Et pourtant la jeunesse resta sourde à cet avertissement du Chêne Vert et l'on n'alla plus comme jadis couper le plus beau chêne du bois de Scarzée et le ramener en triomphe aux jours de la Fête communale… jamais plus on ne l'exposa à sa place d'honneur… jamais plus la jeunesse ne lui chanta des hymnes joyeux… jamais plus elle ne le décora de jolis bouquets… jamais plus elle ne dansa autour d lui, ses rondes, ses menuets et ses strichettes… C'est bien triste allez…!"

Et des larmes venaient aux yeux du vieillard, ces yeux que la Mort devait fermer bientôt.

On rira si on voudra… Pourtant, bien que je ne sois pas superstitieux, lorsque le soir, je dois traverser seul le bois du Monciat, je hâte le pas, car je crains la fureur des vieux chênes… Et puis, je ne sais… mais le souffle d'effroi, car… c'est la voix de Rollin… peut-être.

C'est pourquoi je m'enfuis comme un maudit et, lorsque je suis sorti du bois, je me retourne… plus d'une fois, pour voir si l'ombre ne me suit pas!"

Li bleû pîre


Au fin fond du village de Lambusart, près du dit "Château d'Amour", existait il y a très longtemps un pont en pierre bleue. Ce pont servait à tous ceux qui devaient se rendre aux offices et prêches que le curé du lieu leur prodiguait. On raconte, que le seigneur ou son représentant faisait usage de ce que l'on nomme communément "le droit de cuissage", permettant au seigneur de déflorer les femmes d'un vassal ou d'un serf lors de sa première nuit de noces. La légende voulait donc que toute jeune fille, au soir de ses noces, devait franchir la pierre bleue pour que le seigneur profite de ce droit de cuissage.

C'est ainsi que maintenant encore, lorsqu'une jeune fille se conduit mal, ou entame son mariage avant de passer devant le curé, on dit alors qu'elle est passée "su bleû pîre".

De nos jours, nous pouvons encore apercevoir les pierres de l'ancien pont sur le coté de l'ancien cimetière entourées de fleurs.