Le village de Lambusart

Le charbonnage du Petit-Try

D’après les archives de cure de Moignelée, il apparaît que l'exploitation du charbon dans la région remonte avant 1683, date à partir de laquelle ces archives existent. Cette exploitation avait lieu tant sous Moignelée que sous Lambusart. Cette extraction servait au chauffage domestique. Elle avait lieu principalement hors de la saison des travaux agricoles.

Résumé : Au 19ème siècle, alors que la zone de la Basse-Sambre est devenue l'un des maillons les plus importants de l'industrie charbonnière carolorégienne, la localité de Lambusart est relativement délaissée par les investisseurs. Plusieurs fosses modestes parsèment cependant la campagne environnante et c'est en janvier 1823 que les dirigeants de celles-ci décidèrent de se rassembler sous la Société Charbonnière du Petit-Try et Réunis.

Ces petites exploitations, concentrées majoritairement au sud du village, étaient les suivantes :
- Fosse Ste Marie, - Fosse des Trois Sillons, - Fosse Vendy Henri, - Fosse Zoppie, - Fosse Alexis Carette.
Durant les années suivantes, une grande partie de ces sièges fermèrent afin de concentrer la production sur le siège Ste Marie qui devint, en 1900, le site d'extraction principal de la Société Anonyme des Charbonnages du Petit-Try à Lambusart.

Avant la première guerre mondiale, six puits sont actifs pour un cumul de production de 135.000 tonnes de charbon par an. En 1929, Seul le siège Ste Marie, doté d'une concession de 528 hectares et d'un effectif de 928 ouvriers, est encore en service. Pendant le second conflit mondial, l'ensemble des charbonnages du bassin sont saisis par les allemands et le Petit-Try n'échappe pas à l'occupation mais, en 1942, une quarantaine d'ouvriers se rassemblèrent en pleine nuit avant de mettre hors d’état de nuire les gardes alors en poste. Leur but était d'interrompre l'exploitation en sabotant les machines d'extractions, ce qu'ils réussirent avec panache.

Cet incident priva les allemands d'environ 300 tonnes de charbon par jour pendant environ trois mois mais ce n'est qu'à la fin de l'année 1944 que la production redevient optimale. Après la guerre, le charbonnage est modernisé et une nouvelle veine nommée Ste Marie est découverte.

C'est lors de l'exploitation de cette même veine, le 11 mai 1962, qu'un banc de schiste de 100 tonnes se détacha au dessus de l'équipe en place, causant la mort par écrasement de six mineurs. La Communauté du Charbon et de l'Acier, proclamée en 1952, entraîna la fermeture progressive des installations minières du pays et c'est le 31 mars 1974 que le siège Ste Marie ferme définitivement ses portes. Une partie de l'effectif fut par la suite transférée dans la société voisine du Roton dont la fermeture définitive n'était pas prévue avant la décennie suivante.
Source
: http://www.nicau.be/petittry.html

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Situation du charbonnage du Petit-Try
Source: https://valimo.be/wp-content/uploads/2017/12/Petit_try-1.pdf

Ci-dessous vous retrouvez une explication beaucoup plus détaillée du charbonnage du Petit-Try :
Le 28 janvier 1823, les exploitations de Sainte-Marie, Trois Sillons et Défoncelment se réunissent pour une exploitation commune.
Le 29 novembre 1826, devant Me Pierard, notaire à Gilly, a lieu la constitution de la société civile du Charbonnage, sous la dénomination qui subsistera jusqu’en 1900, par la réunion de quatre exploitations :Petit-Try, Sainte-Marie, Trois Sillons et Défoncement.
Le 4 août 1827, Gaspard Piton-Quarré, bourgmestre de Farciennes et consorts, formant la Société Charbonnière du Petit-Try, Trois Sillons, Sainte-Marie et Défoncement réunis, ayant son siège à Lambusart, demande maintenance de leur concession. Ils exposent que déjà, ces charbonnages réunis, ont fait des dépenses considérables pour la construction d’une nouvelle saiwe, prise au niveau de la Sambre, qui a deux aunes de hauteur et autant de largeur, qui servira tout à la fois à l'écoulement des eaux de leur charbonnage, au transport souterrain de leur charbon, par le moyen de voitures. Ils proposent, ajoutent-ils, de la prolonger sur une longueur suffisante pour recouper toutes les veines du midi au nord. Elle s’établit à une plus grande profondeur que celle de chaque société en son particulier avait construite auparavant. Ils font ici sacrifice de ces anciennes saiwes et de leurs ouvrages. Ils en ont entrepris de plus importants qui offrent garanties les moins équivoques au commerce du charbon et au moyen desquels l'exploitation de toutes les veines à une hauteur supérieure de cent aunes leur est assurée, ces ouvrages étant déjà poussés aujourd’hui sur une étendue de plus de deux cents aunes.
La maintenance à cette concession fut accordée par arrêté du roi Guillaume en date du 26 juin
1830.
Le 29 juillet 1841, un arrêté royal accordait extension du Petit-Try, Trois Sillons, Sainte-Marie et Défoncement réunis ;un autre arrêté royal du 16 janvier 1886 accorde la maintenance des concessions.

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Le Moniat et les rives du charbonnage en 1873


L'assemblée générale des actionnaires, réunie à Charleroi la 18 mai 1876, modifie et révise les statuts de la société. L’avoir social est représenté par 4000 actions qui ne portent aucune mention de valeur ou de capital ;chaque action représente un quatre millième de l’avoir social. 2160 actions appartiennent aux héritiers et aux représentants ou ayant cause des douze associés signataires de l’acte constitutif de 1826, et aux héritiers ou ayant cause de Philippe Dupuis, ancien exploitant de houille à Lambusart. Les 1840 actions restantes feront l’objet d’une des dispositions suivantes:
Il est attribué 120 actions libérées, dont 60 seront pendant trois ans inaliénables, àMr Victor Gillieaux à titre d’apport social, soit :
Une machine d’extraction à deux cylindres horizontaux, de la force de 85 chevaux, munie d’un frein àvapeur, des bobines et des molettes;
Une machine d’aérage de 35 chevaux munie d’un ventilateur Guibal, le tout avec pierres de fondation ;
Une machine cabestan.
Le solde des actions sera, à la diligence du Conseil d’Administration, vendues, une à la fois, par-devant notaire, et au plus offrant, entre les sociétaires, dans une assemblée générale convoquée à cette fin. Le Conseil général composé des administrateurs et des commissaires est autorisé à émettre 1080 actions dont le produit servira aux travaux à exécuter.
Le 28 avril 1887, devant Me Bayet, notaire à Gerpinnes, la société fit l'acquisition du Petit-Houilleur.
La société civile est transformée en société anonyme le 11 janvier 1900, sous le nom de S.A. des Charbonnages du Petit-Try à Lambusart.

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L’avoir est constitué de la concession des charbonnages du Petit-Try, Trois-Sillons, Sainte-Marie et Défoncement réunis ayant fait l’objet:
1° d’un arrêté de maintenance de concession en vertu d’un décret du 26 juin 1830 (278 Ha 20 a), et d’un arrêté d’extension en date du 29 juillet 1841 (142 Ha 14 a
77 ca); 2° Ja concession du charbonnage du « Bois des Pauvres » sous Farciennes ayant fait l’objet d’un décret de maintenue en date du 16 janvier 1886 (27 Ha 81 a) 3° La concession du charbonnage du « Petit Houilleur » résultant de l'acquisition qui en a été faite par acte de Me Bayet, notaire à Gerpinnes, en date du 28 avril 1887, la dite acquisition reconnue par arrêté royal en date du 13 août 1891 ;
4° Terrains, constructions, puits, travaux, machines et installations quelconques, outils et biens immeubles, soit par nature, soit par destination, un siège d’exploitation « Sainte-Marie » consistant en puits d’extraction, d’exhaure et d’aérage, une galerie d'écoulement partant de la Sambre et traversant toute la concession du sud au nord, une autre galerie recoupant les puits d’extraction Sainte-Marie à 36 m 43 de la margelle et servant à recevoir les produits destinés au rivage de la Sambre, un puits servant à aérer la galerie d’écoulement et un autre puits dit « Saint-Charles » en communication avec la galerie d’écoulement (Ce puits avait été installé au nord de la concession en 1873, près de la chaussée de Lambusart à Fleurus -rue Albert actuellement- pour la vente par chariots). Ces immeubles sont cadastrés sous Lambusart et Farciennes.
L’avoir social est représenté par 8000 actions, sans mention de valeur. Ces actions sont échangées à deux pour une ancienne.
Les statuts de la société ont été une première fois modifiés par acte reçu par Maître Victor Cornil, notaire à Charleroi, le 11 novembre 1913 (publié aux annexes du Moniteur belge du 30 novembre sous le n° 8318) et une seconde fois par acte reçu le 25 juin 1949 par Maître Jean Van Drooghenbroeck, notaire à Charleroi et publié aux annexes du Moniteur belge du 15 juillet sous le n° 15472).
Le capital initial de deux millions de francs est porté à trente-six. Il est représenté par huit mille actions ne portant aucune mention de valeur.
La concession du Petit-Try s’étend sur 549 ha 91 a sous Lambusart et 90 ha sous Fleurus. En 1929, on y comptait 928 ouvriers et une extraction de 193.240 tonnes.
La direction a été exercée de 1872 à 1899 par MM. Victor Gillieaux et Emile Henin, de 1899 à 1930 par M François Le Borne et après lui par M Carlo Henin, administrateur délégué, ensuite par M Le Borne fils et enfin par M Minon.
Le Petit-Try a cessé́ toute exploitation le 31 mars 1974.
Il n°y eut pas, à proprement parler, de grande catastrophe dans cette exploitation. Retenons simplement le sabotage des installations dans la nuit du 2 novembre 1942, opéré par des résistants en vue de diminuer la production qui servait à l’Allemagne ainsi q’un accident survenu à Lambusart :

Une chute de 70m

De notre correspondant :Un terrrible accident s’est produit jeudi matin au charbonnage du Petit-Try, à Lambusart. Un jeune hiercheur, François Legardien, est tombé dans le bougnou d’une hauteur de septante mètres au moment où il se disposait prendre place dans la cage pour remonter à la surface. Son cadavre a été retrouvé peu d’instants après. Il a été déposé dans une bière provisoire et transporté au domicile de ses parents à Ligny. Le malheureux n’était âgé que de dix-huit ans.

Sabotage du 2 novembre 1942

En 1942, la nuit suivant la Toussaint, au fin fond de Lambusart , dans les sombres bois et profonds ravins, des gardes, un repasseur de fosse et un machiniste remontaient de temps en temps à la surface et environ 40 hommes au fond du puits s’occupaient de divers travaux. Tout était calme, trop calme.

Vers 1h30 du matin, environ 40 hommes (dont une de mes connaissances), avec une solide provision de biscuits* surgissent soudainement et se rassemblèrent à l’entrée nord de la fosse.

Après une récapitulation du plan ils entrèrent dans les dépendances de la mine. Les quelques gardes présents furent vite mis hors d’état de nuire. Il fallait avant tout casser les deux machines d’extraction à vapeur qui commandaient les deux puits. Pendant que les gardes étaient maintenus en respect, ils se ruèrent sur les machines en s’assurant qu’aucun Belge ne pourrait être directement victime de l’exploit. Les hommes mirent en place tous les dispositifs avant de faire sauter les machines. Tout cela dura environ trois heures. Lorsque tout cela fût mis en place, le personnel du charbonnage fût éloigné, pour être immunisé, et entre 4h et 4h30 du matin, trois énormes explosions secouèrent tous les environs. Les machines des deux puits n’existaient plus.

La destruction de ces machines priva les Allemands d’environ 300 à 350 tonnes de combustibles par jour pendant environ 3 mois. Ce n’est que fin 1944 que la situation redevint normale. Il y a eu 50 otages, qui ne revinrent plus, dont monsieur Divers. Monsieur Marron fut exterminé à Buchenwald. Quant à M. Baudoux, il mourut peu de temps après son retour de captivité. Dans le groupe de résistants, un seul périt, Arthur Froment. Les autres otages, sauf M.Leborne (le directeur gérant) qui fut relâché deux jours plus tard furent emmenés à Charleroi puis à la citadelle de Huy où ils ont été incarcérés pendant près de quinze jours.

Le 3 novembre 1942, un communiqué laconique fut écrit par les Allemands « Des terroristes ont attaqué la nuit dernière les installations des charbonnages du Petit-Try à Lambusart. Après avoir maitrisé le personnel, ils ont détruit les puits d’extraction. Si les coupables ne sont pas découverts, des otages seront arrêtés incessamment ». C’était en tout cas, un des plus audacieux et efficaces faits de la Résistance belge.

*Solidement armés.

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Facture du 31/01/49
Source : delcampe.net

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Source : nicau.be/galeries/petittry/1.html